Un jour - un midi, précisément -, Annick franchit le miroir. À cette occasion, le lapin à l’œil rivé sur sa montre, ce fut sa mère : il ne restait plus à celle-ci que cinq minutes avant de retourner au travail si elle ne voulait pas être en retard...
Cette précipitation fut peut-être déterminante : au lieu du pays des mères-veilles, Annick découvrit, ainsi, en cinq minutes, le pays des champions.
Un champion est un absent. Quand on en est amoureuse, on vit à côté de lui. Un champion ne vit pas avec ses enfants. Quand on en est amoureuse, on ne vit pas heureuse... et on n’a pas beaucoup d’enfants.
En fait, quand on est amoureuse d’un champion, on ne l’épouse même pas... et on n’a qu’un enfant avec lui : une petite fille éternelle.
Quand on en est amoureuse, éventuellement, on se marie avec quelqu’un d’autre. Cela permet de donner un nom aux petites filles éternelles.
Seulement Annick, elle aussi, se mit évidemment bientôt à rêver au prince charmant. Elle voulait l’épouser... et qu’il ressemblât à son papa.
Annick a éternellement voulu se marier avec un prince charmant qui ressemblerait à son papa.
Mais quand on est amoureuse d’un champion, il ne faut pas se marier avec lui... sinon on n’a pas d’enfant éternel.