Au rythme du temps

Lundi 28 décembre 2009, par Anna, Ivan Joseph // La danseuse de vélo

«  Platon ordonne aux vieillards d’assister aux exercices, danses et jeux de la jeunesse, pour se réjouir en autrui de la souplesse et beauté du corps qui n’est plus en eux, et rappeler en leur souvenance la grâce et faveur de cet âge fleurissant, et veut qu’en ces ébats ils attribuent l’honneur de la victoire au jeune homme qui aura le plus ébaudi et réjoui, et plus grand nombre d’entre eux. »

Montaigne, Sans commencement et sans fin, extraits des Essais.


En fait, voyez-vous, j’ai hésité. J’ai beaucoup hésité à vous raconter l’histoire de cette femme. Cette femme ?... Lucie ? Jeanne ? Une autre ?... Voyez, visiblement, j’hésite encore. Ce n’est pas grave. Nous ne sommes pas pressés, n’est-ce pas ? Si ?!...
En fait, c’est bien une autre femme ; une femme avec un autre prénom, plutôt (je préciserai ce dernier plus tard). La seule chose qu’il est important de retenir à ce stade, c’est que cette femme est une danseuse... Une danseuse de claquettes !
En fait, c’est son histoire et aussi un peu celle d’un homme.
En fait, l’histoire est celle de leur rencontre.
En fait, leur rencontre a permis leur histoire.

Je sais, c’est encore très flou. Mais, c’est ainsi. Comprenez-vous, dans cette histoire, il y a beaucoup de pudeur : les choses se dévoilent peu à peu à travers le flou. C’est important. Il importe que les choses restent belles.

Voyez, par exemple, je vais vous dire : cette femme avec un autre prénom s’appelle - en fait... - Lucie !
Voyez, finalement, elle n’a pas un autre prénom tant que cela !...

Lucie s’alarmait souvent de ce que le vieillissement finirait bien par la priver un jour de toute faculté de danser - comme d’ailleurs, il avait d’ores et déjà commencé à la sevrer des moyens de le faire. C’était au fond là sa seule véritable hantise. En effet, si la perspective de devoir à son heure mourir ne l’effrayait pas particulièrement, celle d’être condamnée à vivre sans danse lui semblait bien, en revanche, le plus grand des supplices...

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