Por una cabeza

Dimanche 3 janvier 2010, par Anna, Ivan Joseph // La danseuse de vélo

Il est allé à Buenos Aires. Il y est allé pour Lucie. Il est le monstre qui voyage, le monstre qui se tait ; le monstre qui vibre, qui ressent.
Il est allé à Buenos Aires. Il a appris à lire pour Lucie. Il est le monstre qui sait apprendre à contracter le temps pour elle ; ou à le décontracter, du reste, selon ce qui convient le mieux. Il est le monstre qui marche, qui se met en marche ; un peu machinalement, d’abord, mais naturellement, déjà, malgré tout.
Il est allé à Buenos Aires. Il a fait tout ce long voyage pour apprendre à regarder, pour pouvoir regarder Lucie ; la regarder comme il faut, afin qu’elle ne détourne pas la tête.
Il est allé à Buenos Aires. Il a accepté de côtoyer les autres, les hommes, les autres hommes ; de les affronter ; de rivaliser avec eux. Tout cela pour Lucie.
Il est allé à Buenos Aires. Il a appris à accepter son cœur, ses émotions ; à accepter de vivre, d’être heureux... Pour elle.

Cela nous a fait un bon paquet d’humiliations, vous savez, de baffes, de rebuffades. Buenos Aires en est plein. Il faut dire aussi qu’il a bien choisi son époque. Mais il garde son secret encore un peu : elle lui donnera son nom...

Il a appris à parler...
Il est le monstre ! Le clown ! Le cirque ! La cour-des-miracles-à-lui-tout-seul  ! Surtout lorsqu’il s’avilit (selon eux...) à faire tout ce qu’il fait ! Pourtant, il fait bien tout sauf s’avilir ; lui, en réalité, il fait tout cela pour apprendre, pour être prêt - vite !
Tout le monde le chahute, le raille, se gausse, se moque. Mais il y a pire : certains vont jusqu’à le... contrefaire ! Les misérables ! S’ils savaient la leçon qu’il vient leur donner - sans y prétendre, d’ailleurs - en venant prendre la sienne. Lui qui, tout au contraire, studieusement, respectueusement - infiniment ! -, s’attache à les imiter de son mieux.
C’est ainsi quand on vient à Buenos Aires.
C’est ainsi quand on y vient pour Lucie.
Pour lui ramener son cadeau...

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