Belle comme une fausse poupée

Jeudi 21 janvier 2010, par Annick Lebédyk, Ivan Joseph // La petite fille à côté

Des fois, j’en ai marre ! J’en ai marre de rester La petite fille à côté d’Annick ! J’aimerais pouvoir exister aussi, ne serait-ce que pour raconter sa vie, à Annick ! J’aimerais parler en mon nom, au moins pour la représenter ! Je suis tout de même celle qui la connaît le mieux, non !
Annick, si vous voulez, c’est un peu ma petite mère à côté, aussi, du coup ! Je sais, je ne m’exprime pas très bien, mais il ne faut pas m’en vouloir : une petite fille, ça ne sait pas encore bien exprimer les choses tout le temps, même si elle a, cette petite fille, comme moi, beaucoup de choses à dire !
Oui, je connais bien Annick ! C’est parce qu’elle est qui elle est que je suis là, que je peux vous raconter son histoire !
Annick a tellement intégré tous les interdits édictés par le silence omniprésent et omnipotent de sa grand-mère, qu’elle en est restée interdite toute sa vie ! C’est pour ça que je suis là ! Sa grand-mère savait ce qu’il fallait pour elle ! Elle savait par exemple comment il fallait l’habiller ! Elle disait à sa fille - la mère d’Annick, donc - d’aller la faire habiller chez une couturière ! Cela ne se faisait presque déjà plus à l’époque ! C’est peut-être pour ça qu’Annick aime tant la couture ! C’était autorisé par sa grand-mère !
Ce que je vous dis est un peu décousu, je sais ! Ne vous inquiétez pas : Annick va vous arranger ça ! Elle connaît l’art d’accorder les lambeaux, de les raccommoder entre eux, même les lambeaux de vie, de leur redonner corps, de la tenue !
Il suffit de la raconter : tout cela finit bien, toujours, à la fin, par tenir en place !

Répondre à cet article