Une enfance d’une autre enfance

Lundi 29 mars 2010, par Anna, Ivan Joseph // La danseuse de vélo

Parfois, l’on pourrait se demander si tout ne vient pas de la mère, de la mère de Lucie ; si tout ne vient pas de sa mère. Il est très vraisemblable aussi que cet angle de vue serait très réducteur. Mais aussi, certaines similitudes, ou, plutôt, certains faits troublants, anecdotes, épisodes, sont bien là qu’il faut encore raconter.
En effet, il faut savoir qu’Anne Bador, la mère de Lucie, avait, comment dire ?... Il faut dire qu’il lui était arrivé une drôle de petite aventure, enfant, petite fille.
C’était le début du siècle, l’entre-deux-guerres. Aux frontières, il n’y avait plus - ou pas encore... - de conflit, mais, au cœur de Meyrignac-l’Église, en revanche, avait cours une véritable bataille rangée. « Avait cours...  », c’est opportunément le cas de le dire, puisque, aussi bien, il s’agissait d’école.
Comment vous le dire encore ? Regardez : cela fait un peu plus de vingt ans qu’a été entérinée en France la séparation officielle des Églises et de l’État. La laïcité a gagné en droit. Mais, s’arrêter là est aussi compter sans le poids immense des traditionnelles coutumes d’un petit village comme celui de Meyrignac.
Le combat est farouche. Les tenants de l’école des Sœurs, Notre-Dame de la Bienveillance, ne veulent toujours pas reconnaître ce qu’ils ressentent comme une défaite. Ils se battront jusqu’au bout afin de voir réhabilité le seul enseignement à leurs yeux convenable, celui du Bien, celui guidé par la parole de Dieu.
Or, les Bador étaient, quant à eux, d’acharnés partisans de la Communale : « Jamais [leurs] enfants ne [mettraient] leurs pieds autre part. Plus jamais la famille ne se [soumettrait] à cette archaïque pratique de l’endoctrinement obligatoire par la curaille ! »
Quel rapport, me direz-vous, avec Lucie ? C’est que la chose est un peu longue à vous narrer, si vous me permettrez, pour pouvoir vous l’expliquer tout d’un seul coup. Mais nous allons y arriver. Cela concerne d’abord sa mère, Anne, je vous l’ai dit...

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