Le Gille est de sauvetage

Dimanche 13 juin 2010, par Annick Lebédyk, Ivan Joseph // La petite fille à côté

« Le Gilles de Watteau est l’un des tableaux les plus mystérieux du monde.
Tout en lui est évident, lumineux, et tout est obscur.
Qui est ce personnage de scène innocent, peut-être idiot, profond, et surface pure. D’où vient-il ? Que montre-t-il ? Que cache-t-il ? Pourquoi une telle clandestinité en plein jour ? Que font, derrière lui, ces comédiens et cet âne ? Nous sentons bien que, comme dans La lettre volée d’Edgar Poe, un certain retournement, ici, nous regarde.
Watteau nous voit, et peut-être que son silence est terrible. Il est au Louvre, à Paris, et en même temps définitivement ailleurs. Il fallait donc, sur cette énigme historique, une enquête audacieuse : la voici. »
SOLLERS, P. Présentation de Gilles ou Le spectateur français de Gilles Cornec. Paris : Gallimard, 1999. 296 p. (L’infini).

« Bonjour Ivan,
La recherche de “Gilles” m’a amenée naturellement sur les traces de Watteau et celles de Picasso... Apparemment le personnage de Pierrot se confond avec celui de Gilles... Pour moi c’est un poète un peu naïf et j’aime son costume... Il me fait penser au film Les enfants du paradis, aux sucettes Pierrot Gourmand, à la maternelle où l’on chante encore Au clair de la lune... Les ramifications de l’écrivanalyse sont infinies et surprenantes...
Je voudrais te demander s’il serait possible de faire glisser la séance du mardi au mercredi, même heure, la semaine prochaine ?
Bises A. »
LEBEDYK, A. Ma courrielle correspondance avec l’écrivanalyste. Paris : Les éd. de la yourte, 2010.

« Bobos - [Gille] - [Watteau] - Gilles - petit frère - demi-petit frère - jamais grandi avec moi - avec ses parents - habiter avec ses parents - a su tard - l’a su par sa femme - 5 ans d’écart - Pantin - Le-Pré-Saint-Gervais - au moment où Annick a voulu laver son linge sale en famille - à sa belle-sœur - (demie-belle-sœur) - complice - complicité - compagnon - j’imaginais pouvoir intéresser mon frère - attirer son attention sur moi (lui) - elle m’a volé la vedette - un exploit raté - pétard mouillé - chercher à l’émouvoir (ce frère si touchant...) - frère - à qui l’on peut dire des secrets (qui écoute) - pour l’instant »
ROBIN, I. Carnets des notes de l’écrivanalyse, 5. Œuvres complètes, tome V. Paris : EOK, 50 après l’an deux mille. (Bibliothèque de la délirade mégalomaniaque), p. 5.

« Wouaf »
RIEN. Le journal intime du toutou. Niche : Le cynocentriste, 5, p. une et une seule.

« Ce que j’crois surtout, moi, c’est que l’type, là, l’espèce d’écrito-analyste, je pense qu’il aimait bien aussi s’amuser pas mal, au fond ! N’empêche qu’à ma Ninick, ma sœur frangine, i lui a pas non plus pour autant tout bâclé son travail ! Peut-être même qu’y aurait eu aussi sa dose de recherche et de travail documenteux que ça m’étonnerait pas. Moi, j’vois une cohérence, quand même, franchement ! Eh, faudrait pas non plus croire que j’sais pas lire ! Et peut-êt’ même entre les lignes bien plus que vous ! Croyez qu’ça m’a échappé, à moi, son intention, à not’ psychodramaturge, de lui faire sur mesure, à ma sœurette, comme une expo de vraies peintures, avec tous ses chapitres de son histoire autant dédiés ! Nous faire des différents tableaux, une unité filée au disparate ! Comme celui-ci, comme par exemple, où i nous dit quê’qu’chose, et sur le goût de la mise en abyme d’humour - et d’toutes les combinaisons possibles des composantes de l’expression - via le détour du biais de tout un faux-vrai bric-à-brac de vraies-fausses citations ! Et l’jeu du va-et-vient possible, pour chaque, chaque fois, presqu’à chaque mot, celui entre l’recul et le gros plan ! Quoi, z’aviez pas vu ça ! Arrêtez d’vous moquer ! J’suis pas d’humeur ! Un gros flemmard aussi p’t-êt’ bien - avec, qui sait, même comprise mon analisante de frérote ?! -, c’bonhomme qui fait qu’on sait jamais, en même temps, si c’est de l’art ou du cochon ! Ça permet finalement aussi d’la complaisance, moi j’dis ! Enfin, j’ai appris quelques trucs, honnête, j’reconnais ça. J’ai beau pas être tout à fait ignarante, moi j’savais pas, j’avoue, que l’Gille c’est aussi bien un personnage de carnaval côté Belgique ! À Binche, pour la précise ! »
BÉBÊTE, N. Pas si conne, la Nadine ! Pantin : Paris, Quand-tu-veux-mon-gars, p. et-quelque.

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