Fluides - Partie I - § XII

Mardi 23 août 2011, par Ivan Joseph // Fluides ou Le singulier pluriel

« En plus... vraiment... je vais te dire... tu fais chier  !!... Non mais !... C’est vrai, quoi !... (à présent qu’avait eu lieu l’explosion, elle étouffait presque d’ulcération  !)... Tiens ! pour reprendre les termes de Christiane : tu crois que j’ai réussi, moi, à me concentrer sur le “super laïus” de Braün ! Non mais... c’est vrai, quoi... merde !... (elle bafouillait !)... Dix heures, j’avais dit ! Dix heures !! C’est quand même pas compliqué à retenir !... Putain !!! (d’être la première surprise de se voir ainsi perdre la maîtrise de soi, c’est ce qui devait expliquer ce début, maintenant, d’affleurement des larmes...) »
Mais Lydie n’était pas du genre à se faire tancer comme une gamine ; aussi, tout en gardant, quant à elle, un calme ferme mais, partant, d’autant plus implacable, elle quitta cette fois-ci son sourire pour livrer à Laurence sa seconde répartie :
« Tu sais, Laurence, là, si ça t’intéresse, il est... attends... très exactement : onze heures trente... huit minutes et... vingt-quatre... non ! vingt-six secondes, maintenant, précisément ; si ça t’embête que je sois là, si je dérange à ce point, je peux partir dès maintenant, si tu veux. En plus, tu sais, tu pourras être contente : je ne risque pas, ainsi, d’arriver en retard chez moi...
— T’es dégueulasse de te comporter comme ça avec moi, Lydie (l’affleurement est dépassé). Tu sais très bien tout ce que je mets de moi dans la Brigade, tout mon engagement, mon investissement personnel. J’avais même cru comprendre, d’ailleurs, que tout cela, en son temps, t’avait séduite... C’est vraiment pas sympa, Lydie, de laisser croire aux gens passionnés qu’on les accompagne dans leur projet pour finalement les abandonner dès les premiers obstacles... »
Mais qu’est-ce que c’était, aussi, tout à coup, que ces accès abandonniques qui s’emparaient de Varennes, ces espèces de relents dramatiques aux accents de persécution qui lui venaient, ainsi, parfois, sans prévenir ? qui lui gonflaient les veines ? qui écarquillaient tous les yeux d’entourage ? Qu’est-ce qui venait d’être atteint ainsi en elle, si profond, à de tels moments ?!
Michel, qui était resté silencieux jusque-là mais n’en pensait pas moins, tenta d’intervenir :
« Eh ! L’Amirale ! Cool  ! On va quand même pas s’embrouiller pour si peu. Le mieux est peut-être que chacun fasse son effort, non (ça, si ce n’est pas du sourire forcé) ? Qu’on règle nos chronos en fonction, pour toujours mieux s’accorder : un peu d’avance d’ici, un peu de retard de là ! Vous savez, comme pour la différence de point de vue, entre les Français et les Anglo-Saxons, quant à la façon de désigner l’instrument qui donne l’heure... (et notre Michel de s’empêtrer comme il peut pour détendre l’atmosphère) : en français, on dit la montre, c’est la machine qui montre l’heure ; en anglais, cela devient the watch, de to watch : cette fois l’engin que l’on regarde (ça, c’était le grand truc de Michel !) ! Vous avez vu, il n’y a là qu’une anecdotique différence de langue, au fond... un jeu de mots, encore... une autre paire de Manche, quoi !... »

P.-S.

Fluides - Partie I - Chapitre XII

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