Fluides - Partie I - § XIV

Jeudi 25 août 2011, par Ivan Joseph // Fluides ou Le singulier pluriel

Vous parler du bas-lanceur ?...
Vous savez, le bas-lanceur (oui, car il s’appelle le bas-lanceur : je veux dire, c’est le nom qu’il se donne)... le bas-lanceur, donc, ne s’est jamais retrouvé dans un tunnel de métro. Certes, il en fréquente assidûment les couloirs. Mais, comme là ? jamais.
Avant, il imaginait les tunnels du métro comme des endroits humides, plein de rats, et de toute une autre faune même. Il pensait que s’y trouvait parsemés quelques éclairages de sécurité toujours alimentés par un circuit électrogène ; pour rassurer les voyageurs en cas de panne, par exemple ; ou encore faciliter les réparations.
Avant de se trouver là, il s’imaginait que, si un jour, il se trouvait là, il ne tarderait pas à se faire électrocuter ! Il se disait qu’il y avait sans doute tout un réseau de caméras de surveillance, dont le dispositif savamment élaboré ne laissait pas le moindre coin d’ombre aveugle. Il se figurait toute une organisation complexe, constituée qui d’escadres d’entretien et autres bataillons de maintenance, devait être en permanence en train de s’affairer dans le multiple grouillement d’un labyrinthe de voies de communication annexes, parallèles...
Mais là, maintenant, il voit exactement comment cela se présente, un tunnel de métro, lorsque l’on vient de s’échapper d’une rame stoppée net par le déclenchement de son dispositif d’alarme. Il peut bien mesurer, à présent, comme le lieu est différent de celui qu’il a déjà pu visiter ; dans son imagination. Quoique cela ne soit finalement pas si sûr... : peut-être est-ce justement, cette fois, cela, cette différence, qui, à lui, lui échappe... Oui, je crois que c’est surtout cela qui lui échappe : que les choses ne sont pas comme il les imagine ; et, encore plus au fond, que cela est normal... Car enfin ! Cela est tout de même bien vrai, puisque, aussi bien, figurent ainsi force tags sur les parois du tunnel  : tout le monde ne s’électrocute pas ! Et puis aussi, comment cela se fait-il qu’il n’ait encore croisé aucune équipe de maintenance ?...
Le bas-lanceur s’est calmé peu à peu. L’obscurité l’apaise. Pour un peu, il aurait envie de dormir. Il en a envie ! Il y a un renfoncement près des rails, tout devant, dans le mur. Au sol, il ne semble pas y avoir de rats, ni quelque autre faune. Le bas-lanceur s’allonge, sur le dos. Il accueille la fatigue sans lui résister. Tout cela s’est fait en quelques secondes. Il éprouve généralement ce besoin brutal de se reposer quand il a fait ça ; quand il a mot-dit...

P.-S.

Fluides - Partie I - Chapitre XIV

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