Fluides - Partie I - § XXIV

Jeudi 8 septembre 2011, par Ivan Joseph // Fluides ou Le singulier pluriel

« Tu vois, moi, j’habite là-bas. Regarde, si tu viens de mon côté, de ma banquette, on aperçoit mon immeuble... »
Lydie s’était enfin décidée à se dévoiler.
« C’est sur l’Île de la Cité ; un vieux bâtiment du quai de l’Horloge. Ma chambre est tout en haut, sous les toits. Au trente-cinq ! Ça a toujours été mon rêve depuis que je suis arrivée à Paris : voir la Seine de chez moi ; je crois bien, d’ailleurs, finalement, que ce désir devait dater de bien avant notre débarquement sur la capitale.
- “Notre débarquement” ? interrogea Élisabeth.
- Oui. En fait, à l’origine, nous sommes montés tous les trois ensemble de Tours sur Paris, Didier, Laurence et moi. C’était la rentrée 83. Nous entreprenions chacun, dans nos voies respectives, nos études supérieures. Mon frère avait été pris en prépa scientifique à Jules Ferry. Laurence commençait son double cursus en histoire et philo à la Sorbonne. Et moi, je voulais devenir prof d’éducation physique et sportive.
- Vous habitiez ensemble ?
- Voilà, tu as deviné ! Rue Choron. Tu vois où c’est ?
- Oui, oui. Je connais bien.
- Eh bien, voilà. C’est comme ça que la rue des Martyrs et ses alentours sont devenus notre quartier général !  »
À cet instant, Élisabeth revient quelques secondes en son esprit. Son inattention l’empêche bien sûr de remarquer que Lydie scrute le mystère de l’expression de son absence. Mais la voilà déjà de retour :
« Et ça n’a pas été trop dur, pour toi, lorsque tu as dû quitter ton frère ? Parce que... Enfin, puisque tu dis qu’aujourd’hui tu vis... toute seule, j’imagine... enfin, je veux dire, sans lui... dans ta chambre... sur l’Île de la Cité...
- Ça va. On se voit beaucoup. C’est même amusant, tu sais, parce que Didier a racheté l’appart’ de nos débuts. Eh ! normal, maintenant que monsieur est pété d’thunes ! C’est drôle, non ! Ainsi, ce n’est pas une exagération quand je dis que je me sens un peu chez moi quand je vais lui rendre visite. En plus, vu que le frangin semble bien prendre aussi tout droit le chemin du célibat chronique, tu te doutes bien que les choses n’ont pas tellement changé, là-bas, depuis l’époque ! »
Lydie avait réussi à faire un peu sourire sa nouvelle amie. C’était déjà ça.
« Ne t’inquiète pas, Élisabeth. Je vais te présenter à la troupe. »

P.-S.

Fluides - Partie I - Chapitre XXIV

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1 Message

  • > Fluides - Partie I - § XXIV 8 septembre 2011 12:34, par Jeune C

    Ce qui est très gratifiant dans vos textes Ivan Robin c’est qu’on peut reconnaître les lieux, habitant Paris je visualise les endroits dans les moindres détails. J’imagine que d’autres peuvent s’identifier avec un autre système s’ils habitent une autre ville. Merci d’être un écrivanalyste. Cela doit prendre du temps de sillonner la ville et ensuite de la décrire.

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