Fluides - Partie I - Chapitre XXIX

Jeudi 26 juillet 2012, par Ivan Joseph // Fluides ou Le singulier pluriel

Je vais vous dire. Le problème, c’est qu’au début, ça part dans tous les sens. Or, je déteste ça !
En tout cas, Laurence, elle, c’est sûr, déteste ça !
À la fois, elle a envie de prendre une pléthore de directions, mais, dans le même temps, elle souffre surtout de son impuissance face aux rares pistes dont les membres de la Brigade disposent. Elle s’agite. Ça y est ! Ça lui reprend ! Elle s’énerve, s’impatiente !...
« V’là encore l’Amirale qui s’est enfermée dans l’bureau, dites donc ! » Michel a beau essayer de détendre l’atmosphère, à chaque fois, c’est pareil : cette disposition au stress de Varennes a tendance à se communiquer reste du groupe. Au moins, Christiane a la perspective de pouvoir aller s’aérer :« Bon, je vous laisse. Moi, je dois filer, si je ne veux pas être à la bourre pour relever Lydie à Abesses ! »
...
« Ah ben ! Il était temps ! Moi, j’allais finir par prendre racine ici. C’est chiant, de poireauter comme ça ! J’arrête pas de faire des allers-retours. Les tourniquets ! Le kiosque à journaux ! Les guichets ! Les portes des ascenseurs ! Le haut de l’escalier !... Et puis alors, tu vas voir : tous ces gens qui prennent le métro ! On s’imagine pas le nombre ! Au moins, ça fait une récréation ! Y a de ces gueules, Christiane, tu vas pas en revenir ! - Bon, mais toujours pas vu le bonhomme ? - Rien à signaler ! Je suis malgré tout restée concentrée sur l’objectif, rajoute Lydie dans un dernier mime ironique du bidasse au rapport, mais rien ; vraiment rien...  »
Pendant ce temps-là, au Taf, l’ambiance s’échauffe encore un peu plus. « Mais voyons, Laurence ! moi, je ne demande pas mieux que de faire le profil psychologique du vagabond, l’étude de son comportement, et que sais-je encore ? mais entends-moi quand je te dis que je manque pour l’instant par trop d’élément ! Il n’y a rien ! On n’a rien ! Il faut au... - Mais, bon sang, Élie, tu peux quand même nous commencer quelque chose, merde ! Tu as le récit que nous a fait Élisabeth ! - Écoute, Laurence, ça ne sert à rien de t’énerver. On ne va pas aller plus vite que la machine. Bien sûr, je vais commencer par ce récit - je vais d’ailleurs demander à Élisabeth de m’accorder, dès qu’elle en aura l’occasion, un entretien, pour qu’on revoit ensemble tout ce qu’elle peut m’en dire à nouveau, au calme, à froid - mais je maintiens qu’il nous faut avant tout le retrouver notre énergumè... »
« Attendez ! Eh, venez voir, j’ai peut-être quelque chose ! »
La journée a été longue. C’est la première de l’enquête. Il y a de l’électricité dans l’air. Il est tard. Et tous - tous ceux qui sont présents : Laurence, Élie, Élisabeth et Lydie (déjà revenue : la station n’est décidément pas loin !) - se sont brusquement retournés, et d’un seul mouvement, vers Michel qui vient de pousser cette exclamation. Il est encore dans la pose qu’il n’a pas quittée depuis qu’il a commencé ses recherches : courbé sur sa petit table de travail, celle réservée aux investigations scientifiques...
« Regardez ce que j’ai trouvé !... »

P.-S.

Fluides - Partie I - Chapitre XXIX

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