Fluides - Partie I - Chapitre XXXIII

Mercredi 1er août 2012, par Ivan Joseph // Fluides ou Le singulier pluriel

Quoi qu’il en soit, elle ne pourra pas partir aujourd’hui. Il était pourtant convenu que Lydie prenne la direction de l’Auvergne dès ce jeudi 15 novembre 2007. C’est elle, une fois encore, qui s’était proposée pour cette mission, plus qu’elle n’avait été désignée pour l’accomplir, tant elle excellait dans l’art de profiter de la moindre occasion pour bouger et voir du pays ; en outre, le fait que les relais de planque à la difficile recherche du bas-lanceur semblaient bien prendre la voie de l’éternisation commençait à l’exaspérer considérablement. N’importe ! Pour l’heure, donc, la grève pour la défense des « régimes spéciaux » avait été reconduite dans la quasi-totalité des établissements et entreprises publics concernés, et, partant - si l’on peut dire, compte tenu de l’immobilité, à quai, de l’immense majorité des trains, à de telles périodes... -, à la SNCF...

Lydie a la bougeotte. Elle tente malgré tout de faire ce qu’elle peut pour préparer son voyage :
« Oui... Allo... Bonjour, Madame... Je suis bien à la mairie d’Authezat ?... Voilà, je me présente : je m’appelle Lydie Cognec. Excusez-moi de vous déranger, mais je dois me rendre prochainement dans votre commune et je voulais savoir à quelle gare il me fallait descendre ?... Oui, pour être au plus proche... Oui ?... Oui ?... Vic-le-Comte, donc, c’est ça ?... Et il me faut bien prendre auparavant la direction de Clermont, n’est-ce pas ?... Clermont et Issoire ?... D’accord... Cinq kilomètres ! Ah, en effet ! Je vais être obligée de faire du stop, alors, ou quelque chose comme ça ?!... »
Lydie s’anime, elle sourit. Elle se délecte toujours autant de ce temps, privilégié en abondantes perspectives, des préparatifs :
« ... Ah, oui ! alors, c’est bien ça : c’est un tout petit village ! Mais, il y a un hôtel quand même, non ?... Ah, non  ! juste une chambre d’hôte !... Et une boulangerie !!... »
Elle rit à présent. Il faut dire que l’employée de mairie, à l’autre bout du fil, s’avère elle-même particulièrement enjouée :
« Savez-vous s’il me sera possible de consulter vos registres d’état civil ?... Ah, vous êtes toute seule ?... Oui, bien sûr, je comprends... À Monsieur le maire ?... C’est la moindre des choses... Et pour lui demander cette autorisation ?... Entendu... Je ne manquerais pas. Je le rappellerai. Puis-je vous demander son nom ?... Monsieur Jean Lorinquer, c’est noté. Eh bien, bonne soirée, Madame. Merci beaucoup de votre gentillesse. Et, qui sait ? peut-être à bientôt !... »

P.-S.

Fluides - Partie I - Chapitre XXXIII

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