Fluides - Partie I - Chapitre XXXIV

Vendredi 10 août 2012, par Ivan Joseph // Fluides ou Le singulier pluriel

- Tu as l’air pensif...
Élie, qui fixait à présent Michel du regard, accompagna sa remarque de l’expression de visage interrogative qui avait vocation à en ôter toute ambiguïté ponctuationnelle.
Les deux hommes avaient convenu de se retrouver pour dîner dans leur restaurant thaïlandais favori sur la pente de la rue de Belleville.
- C’est vrai, Élie. C’est-à-dire que je pense à notre affaire, vois-tu, pour ne pas changer. Tu sais, je trouve cela parfois tellement... Comment dire ?...
Élie, imperceptiblement, changea de posture. C’est aussi que son prodigieux instinct venait à l’instant de détecter qu’il allait y avoir du discours à entendre...
- Je me demande parfois à la poursuite de quelle chimère nous pouvons bien ainsi nous acharner. Tout cela me paraît tantôt tellement absurde. Regarde, par exemple, cette nana qui vient nous voir, en gros, il faut bien le dire ! pour que nous reconstituions et tentions de parcourir en sens inverse les arcanes de je ne sais quel étrange chemin qui aurait mené d’un de ses « mauvais choix » au coma de son frère ! Non mais, franchement, tu n’as pas le sentiment toi aussi, quelquefois, que c’est nous tous qui sommes en train de débloquer !...
Élie ne disait toujours rien. Il paraissait à présent totalement absorbé par son aussi lente que savoureuse mastication des succulents travers de porc à l’ail, spécialité de la maison, qu’il n’avait pu, une fois de plus, se retenir de commander. De son côté encore, sur la petite table carrée qui séparait les deux amis, un petit plat d’accompagnement de riz cantonnais faisait également face à l’impressionnant bo bun avec lequel semblait avoir du mal à se dépêtrer Michel, à l’instar du débat avait cours, dans le même temps, au cœur de ses idées embrouillées et vacillantes...

P.-S.

Fluides - Partie I - Chapitre XXXIV

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