Fluides - Partie III - Chapitre III

Jeudi 14 février 2013, par Ivan Joseph // Fluides ou Le singulier pluriel

On avait beau être le 1er mai, ce n’était pas férié pour la Brigade. Élie m’avait donné rendez-vous directement au Taf. En dix minutes, j’y étais. Comme je m’y attendais, ce fut Christiane qui m’accueillit, et, comme je m’y attendais également, tout sourire.
- Ravie de faire votre connaissance, Pascal !
Le dynamisme évident qui se dégageait de toute sa personne faisait immanquablement penser à celui d’Élisabeth. Elle avait la même allure souple et élancée. Elle devait avoir une quarantaine d’années. Cependant, à la différence de celle qui était devenue son amie, et dont la chevelure bouclée tirait vers le chatain foncé, Christiane, elle, était blonde.
- Mettez-vous à l’aise. Tenez, vous avez le canapé, par exemple. Bon, c’est vrai, ce n’est pas la grande classe, mais vous verrez, il a au moins pour lui l’avantage essentiel d’être très confortable.
C’était pourtant vrai que le canapé matelassé bariolé qui faisait face à l’immense baie vitrée dont je n’avais jusqu’à ce jour qu’entendu parler par ma voisine et que je découvrais enfin, se posait là, dans un appartement à la décoration, somme toute, à première vue, assez classique, comme la note kitch de l’ensemble.
Bien, mais ce n’était pas le tout : cette découverte, justement, il me fallait la poursuivre. Certes, Élie, lui, je le connaissais déjà. Seulement, dans la mesure où celui-ci semblait s’évertuer à rester en retrait - de toute évidence, dans une attitude de rancœur à mon égard -, l’air chétif et malingre de ce petit être légèrement voûté aux cheveux très bruns et au regard très noir n’en paraissait que renforcé par la partie ombragée de la pièce où il avait trouvé à ruminer tout son ressentiment.
- De toute façon, vu l’heure (l’horloge numérique de la Cabine indiquait déjà 14 heures 08), je vous propose que nous commencions à discuter de toute cette histoire autour d’un bon repas. Élie nous a bien dit, Pascal, que vous aviez des révélations importantes à nous faire. Il n’en demeure pas moins que je serais très fâchée que vous ne fassiez pas tous honneur au bon filet de hampe aux échalotes que je vous ai concocté avec « amour  » ! Cela nous donnera, du même coup, l’occasion d’avoir une pensée pour Élisabeth qui n’a pas pu se joindre à nous dans la mesure où elle a profité du pont pour aller voir son frère et sa famille : j’y ai ajouté un peu du thym qu’elle cultive sur son balcon !
Les beaux yeux noisettes de Christiane étaient tout pétillants. J’avais en effet bien remarqué cette bonne odeur en entrant, mais, concentré sur le mystère de l’accueil qui allait m’être réservé, je n’avais pas réalisé qu’elle venait de la cuisine, située pourtant - comme prévu... - près de l’entrée.
Michel, avec cette présentation très carrée qui correspondait si bien au caractère que m’en avait dépeint Élisabeth, paraissait décidément bien plus sérieux. De fait, on sentait tout de suite qu’en tout, jusque dans sa façon de s’habiller, il devait avoir tendance à faire bien plus classique en tout que tous les autres.
C’est alors seulement que je me rendis compte qu’il manquait quelqu’un à l’appel. Et, d’ailleurs, c’est aussi sans doute pour cela que Christiane avait à ce point - et à sa façon - pu prendre les choses en mains.
- Avant que nous nous mettions à table, Pascal, vous voudrez bien encore nous permettre de vous prier d’excuser Laurence pour son absence en un jour si important. Il faut savoir que l’Amirale est vraiment épuisée ces temps-ci...

P.-S.

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