Le délit de la parenté

Mardi 11 mai 2010, par Anna, Ivan Joseph // La danseuse de vélo

J’ai un problème, là...
Je...
Je ne voudrais pas parler de mon fils, de ma relation avec mon fils. Je crois que cela... ce sujet... fait partie des choses que je n’ai pas envie d’aborder ici...
C’est une relation si étrange, si paradoxale !
Oui, je sais. C’est vrai... Je me doutais que vous me feriez la remarque. C’est vrai que je continue à parler de lui, à parler de nous... alors que, justement... dès le commencement... j’annonçais ma réticence à le faire... C’est vrai...
Voyez, quand je vous parlais de paradoxe... Comprenez-vous, c’est cette forme de dominance aussi dans la relation que je ne trouve pas... que je trouve étrange... Vous rendez-vous compte aussi : c’est mon fils qui me domine !...
Bien sûr que cela devrait être le contraire !...
Je sais bien que c’est un homme... oui, bien sûr... je sais bien qu’il est lui-même père aujourd’hui... mais... malgré tout... Vous ne croyez pas ?...
Vous savez, c’est comme cette histoire des maisons à l’île de Ré... J’ai fini par lui laisser la grande... Je devrais d’ailleurs plutôt dire qu’il se l’est véritablement appropriée. Bon, c’est vrai aussi, je pouvais peut-être toujours dire non... mais... Je ne sais pas... Et même, savez-vous, dans la petite... dont j’aimais tant l’obscurité... (oui, parce que, moi - je sais, ça ne fait pas très normal -, j’adore vivre dans l’obscurité quand je suis chez moi)... eh bien... euh... Qu’est-ce que je vous disais déjà ?... Ah oui !... eh bien, vous savez quoi ? il a fait percer de grandes fenêtres dans les parois de cette petite maison... Moi, je ne voulais pas...
Cela me fait vraiment drôle de vous raconter tout cela... Je ne sais pas si je suis très à l’aise, finalement... Je... comme je vous ai dit... je ne voulais pas trop au début, je crois, en parler ici...
Ah, ça m’énerve ! Tout à l’heure j’étais en train de penser à quelque chose, et j’ai perdu le fil !...
Ah, si ! Voilà ! Je crois qu’il s’agissait de quelque chose d’à peu près comme cela : bon, moi, je suis Lucie. Il ne faut pas que je me mélange les pinceaux. J’ai déjà suffisamment de mal avec les liens de parenté comme cela... or j’aimais assez cette idée d’évoquer... cette idée de départ d’évoquer ma vie... au travers d’une fiction... par le biais d’une sorte d’autre moi-même... Seulement là... je me rends compte... que je reviens un peu sur moi... plus près de moi... Cela me fait un peu peur... Et, savez-vous, paradoxalement, je me demande dans le même temps s’il n’est pas en train de se passer quelque chose d’intéressant...

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