Fluides - Partie II - Chapitre XI

Mercredi 2 janvier 2013, par Ivan Joseph // Fluides ou Le singulier pluriel

- Il fallait bien que ça arrive un jour, pensa Pascal. Cela me pendait au bout du nez. Après tout, ne l’ai-je pas cherché, finalement ?
Les stations défilaient. Il ne les voyait pas. Tous ses gestes, depuis qu’il avait quitté André, étaient comme ceux d’un robot. Il s’était mis en pilotage automatique. Tout à coup, il sentit une violente colère monter en lui.
- Mais pourquoi aussi faut-il toujours que je complique les choses ! Qu’est-ce que je suis allé me fourrer là-dedans ! Ah ça, oui, je pouvais me glorifier, tiens, de vivre une véritable aventure ! Regarde où tout cela me mène aujourd’hui ! Une véritable impasse !
Il se parlait comme à lui-même. Un imperceptible et fébrile mouvement de ses lèvres accompagnait le marmonnement incessant de son admonestation intérieure.
- Pourquoi ai-je joué tous ces rôles ? Pourquoi ai-je besoin... Pourquoi je ne peux pas m’empêcher de toujours joué à ce jeu délirant. Mais où je suis, moi ! Dans quel monde ?! Merde, si André se doutait dans quoi je l’ai embarqué, le pauvre !
Pascal était à présent sorti du métro. Il était arrivé. Il montait maintenant les derniers mètres de la rue qui le séparaient encore de son immeuble.
- Ce serait ça, être fou ? Je ne me serais pas rendu compte que j’étais en plein délire, que je n’étais pas dans la réalité, que je confondais tout ?!...
Il y avait déjà de la lumière dans la cage d’escalier. Aux bruits que l’on pouvait distinguer au pied de celui-ci, quelqu’un semblait être en train de s’affaire à l’un des paliers.
- Je ne peux pourtant pas faire marche arrière ! Je ne le peux plus ! J’ai trop investi dans cette histoire ! Ce n’est pas possible. J’ai sûrement dû tout simplement me tromper à un moment. J’aurais fait une erreur dans mon travail et il ne s’agirait aujourd’hui que de prendre le temps de la diagnostiquer afin de la corriger au mieux.
Les bruits provenaient en fait du palier de son étage. La voisine de Pascal, une charmante personne pleine de dynamisme et d’enthousiasme, et, entre autres, bricoleuse infatigable à ses moments perdus, avait entrepris cette fois-ci la réparation de sa sonnette.
- Oui, c’est cela, plutôt. Sans doute. Je dois pouvoir redresser le tir. Il me faut être patient, ne pas me désespérer et reprendre encore et toujours le travail.
- Tiens, bonsoir Pascal ! Tu as vu, je vais enfin pouvoir de nouveau t’entendre quand tu sonneras chez moi. Et cela même si je suis plongée dans une sieste profonde. Pas vrai, Pascal ? Pas comme l’autre jour, hein, tu te souviens ? Je suis encore toute désolée, tu sais, de ne pas t’avoir ouvert alors que j’étais là... Oh, mais dis-moi, ça n’a pas l’air d’aller. Tu sembles tout triste...
- Non non, ça va. C’est gentil. Je suis juste un peu fatigué.
- Tu es sûr ?
- Oui oui. Vraiment. Je t’assure. Une bonne nuit de sommeil là-dessus, et il n’y paraîtra plus ; tu vas voir.
- Bon. Alors, il ne me reste plus qu’à te souhaiter une bonne nuit, Pascal.
- Oui, voilà, c’est ça. Merci. Bonne nuit à toi aussi, Élisabeth...

P.-S.

Fluides - Partie II - Chapitre XI

Répondre à cet article