Fluides - Partie II - Chapitre XII

Jeudi 3 janvier 2013, par Ivan Joseph // Fluides ou Le singulier pluriel

C’était réparé ! La sonnette d’Élisabeth fonctionnait de nouveau parfaitement. Elle marchait même trop bien : Élisabeth constata en effet qu’alors même qu’elle avait cessé d’appuyer sur le bouton... cela continuait de sonner ! Mais non, était-elle bête ! C’était le téléphone ! Elle l’entendait, par l’entrabaillement de la porte d’entrée, qui retentissait dans son appartement.
- Allo ?
- Bonsoir Élisabeth, c’est Christiane. Je ne te dérange pas ? Je n’appelle pas trop tard ?
Après tous ces longs mois, bien sûr, les deux jeunes femmes se tutoyaient à présent ; d’autant qu’un lien particulier s’était tissé entre elles d’eux.
- Mais, je t’en prie, Christiane. Bien sûr que non ! C’est un plaisir ! Tu vas bien ?
- Ça va... Quoique. À vrai dire, couci couça.
- Ah bon ! Mais, qu’est-ce qui ne va pas ?
- C’est Laurence. Elle m’inquiète un peu. En plus, je voulais t’appeler, parce que j’en suis tout particulièrement désolée pour toi. Je crois que cela a des répercussions sur l’enquête.
- Que veux-tu dire ?
- L’Amirale s’est un peu renfermée depuis quelques temps. Enfin, cela devient vraiment difficile de la décoder. Comprends-nous, Élisabeth, nous avons tellement besoin d’elle dans le groupe !...
- Mais, je comprends...
- Non, Élisabeth ! Je ne pense pas que tu mesures bien à quel point cela devient problématique ! Je ne te cache pas que cela commence à me mettre véritablement mal à l’aise par rapport à toi. J’ai le sentiment que nous avons une responsabilité vis-à-vis de toi, que nous avons pris un engagement à ton égard. Or, tu sais, normalement, quand cela cloche, c’est justement Laurence qui nous recadre. Là, nous ne savons plus trop quoi faire... Je suis vraiment désolée, Élisabeth. J’aimerais tellement que nous soyons dans de meilleures conditions pour t’aider !
- Mais je sais bien que vous faites ce que vous pouvez. Ne t’en fais pas. Et d’ailleurs, que se passe-t-il au juste avec Laurence ?
- Je ne comprends pas bien moi-même. J’ai du mal à reconnaître l’Amirale depuis quelques temps. Avant, c’était toujours elle qui nous rappelait à l’ordre, au respect d’une certaine exigence de rigueur. Aujourd’hui, elle semble se laisser aller, elle paraît ailleurs. Imagine, il y a même des jours où c’est elle qui arrive en retard ! Nous commençons à être un peu perdus.
- Ce n’est sans doute qu’une mauvaise passe.
- J’espère. Tu sais, Élisabeth, c’est si important pour moi, la Brigade !
- Je veux bien le croire. Ça l’est devenu pour moi aussi, tu sais. C’est un de mes derniers espoirs à présent...
- Oh, pardon ! Oui, à propos, comment va ton frère ?
La voix d’Élisabeth devint tout à coup plus grave et légèrement tremblante.
- Son état est stationnaire, désespérément stationnaire. Le coma, et toujours le coma. Au moins, pourrait-on dire, si l’on veut essayer de voir les choses par le bon côté, cela signifie aussi qu’il ne... qu’il n’est pas...
Christiane entendit le silence qui suivit se transformer en sanglots.
- Oui, pleure, Élisabeth. Pleure, tu as raison. Il faut que tu laisses ton chagrin sortir, s’exprimer de temps en temps.
- Je... Je suis si... si malheureuse, Christiane !

P.-S.

Fluides - Partie II - Chapitre XII

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