Les gros mots du silence

Vendredi 12 février 2010, par Annick Lebédyk, Ivan Joseph // La petite fille à côté

La petite fille bavarde, un jour, s’est tue. Du jour où elle a su, elle s’est tue. Puisqu’elle sait tout, elle se tait. Elle suture. Elle accuse une sacrée moins-voulue .
Peut-être cela changera-t-il quelque chose, pense-elle. Tu parles  ! Cela arrange bien tout le monde, en fin de compte, renforce simplement le silence de tout le monde. Dialogue de sourds. Dialogue de muets.
Elle s’handicape, elle s’invalide. Ça vaut le coup.
Annick apprend en effet alors, par surcroît, qu’elle ne valait même pas le coup qu’on lui parle, qu’on lui dise. Mais de quoi donc n’est-elle pas capable ? Elle sait pourtant dessiner, coudre ! Elle a des tas d’activités... silencieuses.
Son silence était sa révolte, sa colère, ses gros mots. Que lui répond-on ? Du silence. L’insulte-t-on ? L’injurie-t-on ?
Le silence serait-il sauvage ? Annick veut domestiquer le silence. Annick veut parler du silence. Elle veut parler depuis lui ; de ce silence d’où elle vient.
Ce si lancinant silence.
Ça vaut le coup !

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