Fluides - Partie I - § III

Mercredi 10 août 2011, par Ivan Joseph // Fluides ou Le singulier pluriel

Élisabeth se dit qu’elle ne devait pas se précipiter. Elle décida de retourner à la station Lamarck-Caulaincourt. Là-bas, elle dénicherait sûrement un plan pour l’aider à retrouver efficacement son chemin.
Il y a beaucoup de va-et-vient à l’entrée de la station (cette station si originale de Montmartre qui paraît tout droit sortir, ou s’enfoncer - selon le point de vue duquel l’on se place -, du cœur d’un de ces escaliers typiques qui parsèment le quartier). La journée de travail est finie pour beaucoup.
Se trouve là également une femme, un peu étrange. Disons que ce qui retient l’attention à son sujet, au moins une fraction de seconde, c’est qu’à la différence de tous, elle, ne bouge quasiment pas.
Mais Élisabeth, encore une fois, n’a pas le temps (elle ne réalisa pas tout de suite qu’elle avait remarqué cette femme pour autre chose...) : elle a déjà trouvé le plan.
Ainsi, il allait lui falloir prendre par la place Dalida, puis la rue Girardon et la rue d’Orchampt, avant de regagner la place des Abbesses en empruntant la rue Ravignan.
La femme... la vieille femme... ou peut-être pas si vieille que cela... la femme d’un âge indéfinissable... indéfinissable, d’ailleurs, comme un peu toute sa personne... était toujours devant l’entrée de la station. Élisabeth, en apercevant encore un instant sa silhouette énigmatique au moment de reprendre sa marche, fut soudain très profondément frappée par ce sentiment de vague qui émanait d’elle. Oui, vague, c’était bien là le mot ! Exactement ! À coup sûr !
C’est alors qu’elle se souvint avoir déjà ressenti cette même impression une autre fois. Et pour cause : c’était à la vue de cette même... de ce même être ! Elle avait déjà vu ce sphinx, cette antique élégante à l’allure de sorcière...
Elle avait déjà été émue par elle.
Cette dernière l’avait déjà touchée...

P.-S.

Fluides - Partie I - Chapitre III

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